Le cimetière

Je me souviens de toi.

La grise allée ou tu t'es enfui.

Fuite, glissade.

Définitive et légère.


C'était le mois d'avril.

Le dicton le dit. Ne te découvre pas d'un fil.


Là tu nous échappais entre pierre et cyprès.

Tu suivais ton fil. Non, tu t'y abandonnais.


Parmi les rangs serrés,

Les regards bas,

La mémoire qui s'enfuit et qui devient impossible à convoquer.


L’œil s'accroche aux pierres:

Des noms, des dates, des lieux, des fleurs en plastique.

Des fleurs pour plastiquer le réel, parfois.


Des pas lents et surs qui font crisser le territoire des jours trop vite évacués.


Bien sur, autour de la voiture noire,

Les visages de circonstances,

Des paroles de circonstances,

Des embrassades de circonstances.

Tout n'est que circonstances.

A croire. A dé-croire.


L'allée reprend son gris,

Nous marchons une dernière fois avec toi.

Tout hurle doucement. Patiemment. Laborieusement.

Chaque pas emprunte une seconde d'oubli,

Chaque pas fait dans la trace d'un millier d'autres pas...


Voilà.


Au passage de la voiture, les oiseaux te saluent d'un chant bref et le merle accroche un cri à la boutonnière des allées.

Et le vent fait glisser du gris au bleu.

Je les entends tout le temps encore, tout le temps, ses yeux anéantis si clairs qu'ils se conjuguent au ciel.

Texte par James Climent

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